Suite de mon récit chilien
Mon séjour chilien est terminé depuis un moment déjà, et j’ai tardé à mettre à jour mon blog. Mais j’ai de nouveau du temps de libre, ce qui va me permettre de dévoiler petit à petit le récit de ces vacances.
Dimanche 16 mai - De Calama à San Pedro de Atacama
Aucun point d’intérêt à Calama – si ce n’est l’aéroport. C’est une petite ville sans charme, qui sert uniquement de transit pour se rendre à San Pedro de Atacama.
Nous voilà donc partis, mon père et moi, au volant de notre superbe 4X4 Toyota sale et très très (très rajouterai mon père) consommateur en essence.
Traversée du désert
Heureusement, le jeune de l’agence de location nous avait bien mis en garde contre les nombreux radars sur la route. 100 km d’étendue de sable et pas un chat, bon, je pense qu’on peut cesser de fixer le compteur.
Soudain, la civilisation apparaît : San Pedro est un pittoresque village de 5000 habitants en plein cœur du désert d’Atacama. Tout est charmant : un centre piéton, une jolie place arborée qui jouxte une église aux murs blancs et toit couvert de paille, et surtout, surtout, d’innombrables échoppes proposant divers articles artisanaux aux couleurs vives et variées. Seul bémol, les touristes, français pour la plupart. Enfin, j’imagine que ce sont des touristes, en casquette, sac-à-dos et visage couvert de crème solaire. Comme moi quoi.
Première nuit à San Pedro où nous allons rester six jours.
Tempête dans le désert
Non, je ne parle pas d’une éventuelle dispute entre mon père et moi (pas tout de suite quand même !) mais d’une véritable tempête de vent. Courageux baroudeurs que nous sommes, nous affrontons les nuées de sable (bon, d’accord, en 4x4) pour aller visiter les salars de Cejar, Piedra et Tebenquiche.
Nous accédons à la première lagunas, luttons pour ouvrir la portière puis pour ne pas s’envoler (j’exagère peine), et nous voici au bord du lac. Les tourbillons de sable empêchent de voir la Cordillère enneigée au loin, mais le paysage n’en demeure pas moins sublime. Les contours blancs formés par les croûtes de sel bordent la lagune qui offre un magnifique dégradé de bleu, du turquoise en périphérie, au bleu nuit en son cœur. S’ajoute à cela les herbes hautes environnantes, dont les fines tiges jaunes-or ondulent merveilleusement sous l’effet de la tempête.
Nous sommes d’autant plus séduits que nous sommes seuls au monde, douce sensation que nous rencontrerons tout au long du séjour. La location de voiture nous aura permis d’être constamment à contre-courant des agences touristiques.
La laguna Piedra, toute proche de la première, offre la possibilité de se baigner dans cette eau extrêmement salée. L’intensité du vent et le froid nous y décourage, et nous regretterons d’autant moins notre « lâcheté » lorsqu’on croisera un peu plus tard un chilien qui en avait fait l’expérience… Et qui en est ressortit couvert de griffures réalisées par les bords coupants !
8 km plus loin, la dernière lagune, celle de Tebenquiche, offre un spectacle différent. Beaucoup plus grande, agitée par la tempête qui dévoile des écumes blanches, on se croirait au bord de l’océan, en plein désert.
Nous reprenons la voiture pour aller à Toconao. La tempête s’est renforcée et la visibilité est réduite au nuage de sable qui nous entoure. Impressionnant, et amusant je dois dire, lorsqu’on est bien confortablement installé dans la voiture. On distingue un arbre, le seul dans ce désert de sable, puis, en y regardant de plus près, deux vélos et deux masses calfeutrées sous des k-ways. On s’approche, puis une ombre s soulève et se précipite vers nous : c’était en fait un jeune couple en vélo complètement paniqué. Leur balade romantique en vélo s’était transformé en cauchemar, et ils étaient d’autant plus stressé qu’ils devaient prendre l’avion pour Santiago quelques heures plus tard. On leur a donc proposé de les raccompagner à San Pedro de Atacama (sans leur demander d’argent, on est quand même sympa), ce qu’ils se sont empressés d’accepter en abandonnant les vélos. En gros, on a sauvé deux vies.
Une oasis dans le désert
Sur cette bonne action, nous voilà repartis vers le sud pour nous rendre à Toconao, petit village de 500 âmes qui a comme unique intérêt sa ravissante église avec son clocher blanc et, biensûr, ses échoppes artisanales.
Ce qui me surprendra tout au long de ce séjour, c’est l’apparition soudaine de vie après des km d’étendues sableuses. Dans ce désert, le plus sec au monde, l’existence ponctuelle d’oasis donne naissance à des micro-civilisations. Ces petits villages semblent parfaitement organisés, avec ses quelques plantations, ses troupeaux et son église. Petit aparté, l’influence de la religion catholique est telle que le divorce au Chili n’est autorisé que depuis une cinquantaine d’années !
Toconao n’échappe pas à la règle et jouxte une faille – Quebrada – tout à fait stupéfiante ! En plein sol aride, la terre s’ouvre et apparaît une rivière d’eau douce en provenance de la Cordillère et une végétation luxuriante. Au fond de ce canyon, les habitants ont planté un verger incroyablement varié. Figuier, poirier, grenadiers, cognassiers, vignes…. Prospèrent donc dans cette parenthèse de fertilité au cœur du désert.
Retour à San Pedro pour un repos mérité. Il ne faut pas oublié qu’on a bravé la tempête et sauvé des gens d’une mort certaine aujourd’hui.