Déjà Séduite...
Non pas par un argentin, mais par les argentins, leur vie, leur capitale. Mais commençons par le commencement.
Le vol
L'inconvénient de la Corse, et bien, c'est que tout voyage devient compliqué. Pour me rendre à Montpellier, je dois passer par Paris (logique), et pour un vol en direction de Buenos Aires prévu à 23h20 au départ de Paris, et bien, il faut que je parte de chez moi à midi.
Enfin arrivée à l'aéroport de Roissy, je patiente tranquillement dans la salle d'embarquement. Petit coup d'œil autour de moi : que des chinois. Et oui, maintenant je les différencie : ce sont ceux qui dorment partout dans n'importe quelle position. En fait, ce sont mes idoles pour la sieste (après mon père). Mais non, incroyable, je ne me suis pas trompée. Je monte dans l'avion et repère facilement ma place (la seule de libre), et c'est partie pour 13 heures de vol.
Buenos Aires, me voici ! Enfin, non pas tout de suite ; d'abord, il faut que je trouve la navette qui me mène au centre-ville, ce qui n'est pas une mince affaire. Et là, enfin ça y est, me voici en été, 27°C à l'ombre sur l'avenue Florida, en plein cœur de la capitale. L'auberge, mo derne et aux couleurs pop, est pleine à craquer, tenue par de jeunes porteños (« ceux du port », habitant de Buenos Aires) adorables et l'ambiance est à la fête.
Ne pouvant récupérer mon auberge qu’à 14h, j’en profite pour avoir un premier aperçu du Microcentro.
Une ville qui ne ressemble à aucune autre
L’avenue Florida est l’artère principale du centre d’affaire. Dans cette rue piétonne très animée, les incontournables business men aux costumes impeccables, téléphone dans une main, mallette dans l’autre, se fondent dans la foule de touristes et de porteños. Je suis étonnée de constater qu’il n’y a pas de « type » argentin. Peau claire ou basanée, cheveux châtains ou foncés, petits ou grands… L’histoire quelque peu chaotique de Buenos Aires et de ses immigrations successives transparaissent dans les traits de cette population incroyablement cosmopolite.
A la foule s’ajoutent la musique des magasins fashion, les cris des marchands ambulants de choses en tout genre, et notamment les vendeurs de thé, café ou maté, qu’on trouve à tous les coins de rue, et les innombrables cireurs de chaussures qui attendent patiemment les clients avec une cigarette.
La ville me semble à la fois très familière et totalement inconnue. D’un côté, les argentins qui, à y regarder de plus près, semblent très méditerranéens, et l’architecture parsemée de références européennes avec ses édifices coloniaux et ses cafés à la française. De l’autre, ce mélange unique avec des immeubles très modernes en verre, des magasins chics qui côtoient des vitrines laissées à l’abandon et cette végétation, quasi-tropicale, aux arbres immenses. Le tout dégage une impression d’hétérogénéité homogène et donne à cette capitale un caractère unique.
Plaza de Mayo
Après une bonne douche et une sieste nécessaire, je flâne au hasard dans mon quartier. Toutes les femmes ont une fleur à la main. Une Saint-Valentin à l’argentine ? Intriguée, je finis par en demander la raison à l’une d’entre elle. « Vous savez, le 8 mars, c’est la journée internationale de la femme ». Haaa c’est donc ça. J’en ai la confirmation en voyant défiler un petit groupe de jeune femme, manifestant pour l’égalité homme/femme.
Je les suis, et me retrouve sur le Plaza de Mayo. Nommée ainsi en hommage au 25 mai 1810, jour de la formation du 1er gouvernement argentin, cette place est l’âme de Buenos Aires, et le rassemblement de toutes manifestations. Au centre, un obélisque en mémoire du 1er anniversaire de l’indépendance, et en face la Casa Rosada, magnifique édifice en brique rouge, et qui accueille les bureaux de la Presidenta Cristina Kirchner. (Et non, elle ne m’a pas invitée à boire un thé, pas très sympa). Les autres bâtiments qui entourent la place, comme la Banca de la Nación sont tout aussi sublimes, quoique moins originaux.
No realmente « Fluent »
Bon, après 5 ans de cours théorique d’espagnol au collège/lycée, ça y est, je me lance, je passe à l’aspect pratique. Enfin j’essaye.
1ère étape : recherche d’un dictionnaire français/espagnol. Je rentre dans une librairie, et je prononce enfin la phrase que je potasse depuis une quinzaine de minutes : « Estoy buscando un dictionario frances/español por favor. ». Réponse : « yes, downstairs ». Bon ok je descends, et je recommence mon petit speech. « Ah, vous êtes française ! » s’exclame mon interlocutrice avec un joli accent argentin. Bon, ce n’est pas comme ça que je vais progresser.
De retour à l’auberge, une jeune femme m’arrête et m’interroge sur… Et bien justement je ne comprends pas. Au bout de trois tentatives, elle essaye autrement : « Have you got your key ? ». Bon, d’accord, maintenant je saurai que « clef » en espagnol, c’est « llave ». Bon ben il y a du boulot.
Mon premier tango
Après avoir dîner dans un restaurant italien (Buenos Aires a connu une très forte vague d’immigrés italiens), je reprends l’avenue Florida pour rentrer à mon auberge. Toujours aussi animée, la rue est maintenant envahie par un marché de nuit. Et pour mon plus grand bonheur, une piste de danse est improvisée sur le sol dallé, pour un spectacle de tango ! Un animateur présente les danseurs et fait choisir au public le type de danse : un tango ? Une milonga ? Ce sera tango à l’unanimité, et un jeune et beau couple s’avance sur la piste, en suivant ce rythme si spécifique et reconnaissable. C’est tellement beau, tellement entrainant ! Je saisis alors mon voisin et me lance à mon tour avec grâce et précision dans un tango, saisit lors d’une bascule arrière une rose avec mes dents et… Et ben non, il ne faut pas rêver, cette danse demande beaucoup d’assiduité et de patience. Et puis il faut savoir manier avec dextérité les talons (très) haut... Autant dire que ce n’est pas pour toute suite.