De l’autre côté de la Cordillère
Vendredi dernier – Mendoza
Me voilà au terminal de bus incroyablement animé de Mendoza. En Argentine, pas de train, peu de voitures. Le bus supplante tout autre moyen de transport – et pour cause. Beaucoup plus long, certes, mais tellement plus intéressant financièrement ! Et en prime, très confortable.
Mon bus arrive et, délicieuse surprise, je découvre la qualité des fauteuils. En cuir, spacieux, et qui s’allongent complètement, encore mieux que la première classe des avions (que j’ai tellement l’habitude de côtoyer que je peux aisément faire la comparaison). Et c’est parti pour 7 heures de bus.
Sur la route
De nouveau, je reprends le chemin que j’avais déjà eu l’occasion de parcourir lorsd’un asado du dimanche. La suite est tout aussi superbe : on s’enfonce dans le cœur de la cordillère en suivant le fleuve, et les montagnes offrent une variété de couleur incroyable. Le sommet se traverse via un tunnel assez long, et quelle n’est pas ma surprise de constater qu’à sa sortie, loin du ciel bleu de Mendoza que l’on vient de quitter, on se retrouve confronté à… une tempête de neige ! J’ai su quelques jours plus tard que j’étais incroyablement chanceuse de pouvoir passer : la frontière a été fermée quelques heures plus tard.
Et hop, tout le monde descend dans le froid, sous les flocons, pour le routinier passage à la douane. Toutes espèces animales et végétales sont proscrites ; le moindre trognon de pomme du voyage est sauvagement mis en quarantaine. Les chiliens sont extrêmement strictes en matière d’importation de produits agricoles sur leur territoire.
Le reste du voyage se déroule… dans une épaisse nappe de brouillard. L’occasion idéale pour une sieste réparatrice, de manière à compenser les (nombreuses) heures de sommeil manquantes.
Une soirée à Santiago
Arrivée à Santiago, j’achète une carte sim (histoire de compléter ma collection : ma carte sim française, celle de Buenos Aires et puis celle de Mendoza), et je saute dans un taxi pour rejoindre mon père. Le logement dans la capitale chilienne est résolu : ce sera chez Christian, frère d’un très bon ami de mon père vivant à Santiago.
L’aperçu très rapide de la ville me plaît : des espaces verts, une architecture basse et hétéroclite, mais originale. Et le temps de discuter avec le chauffeur, qui me confirme les informations que je possédais sur les relations argento-chilienne – à savoir très mauvaise.
Un petit peu d’histoire
Pourquoi ces tensions ? Cela remonte à cette guerre insensée (excusez le pléonasme) pour ce petit bout de territoire exilée à 480 km des côtes argentines – à savoir les îles Malouines. En très très résumé (les historiens s’arracheraient les cheveux), anglais et argentins se sont disputés la souveraineté de cette île dans les années 80. La junte militaire chilienne, neutre à l’origine, a appuyé l’armée britannique, au point que Margaret Thatcher déclarera plus tard que « Le Chili (leur) a été d’une grande aide pendant le conflit ». L’affrontement se solde par de nombreux morts, du côté des vaincus comme des vainqueurs, et la défaite des argentins est d’autant plus amère du fait de la « trahison » de leur voisins chiliens.
Retrouvailles avec mon père, malheureusement seul représentant de la famille, ma mère et mon frère n’ayant pas pu se libérer. Diner chez Christian, et départ le lendemain matin pour l’aéroport de Santiago pour prendre l’avion jusqu’à Calama, au nord du Chili.
Un bonheur pour les voyageurs, l’aéroport de la capitale est à seulement 15-20 minutes du centre. Etonnamment petit, mais bluffant : les baies vitrées offrent une vue panoramique sur la Cordillère des Andes.
De Santiago à Calama, 2 heures durant lesquelles on survole les montagnes enneigées, qui laissent progressivement place au désert. Incroyable, l’atterrissage est proche, et en vue : du sable à l’infini, mais toujours pas de piste ! Il faut dire que le minuscule aéroport de Calama est perdu en plein milieu du désert…
Une location de voiture… Originale
Evidemment, toutes les agences de locations de voiture ont un bureau à l’aéroport, sauf la notre. On prend donc un taxi pour atterrir dans une agence d’un autre monde. Les bureaux sont comme dans une caricature de film : une table avec un ordinateur, et derrière une étagère avec, bien rangés, une série de classeurs étiquetés « facture », « clients »… vides. Pas de mur, le reste est encore en construction. Petit coup d’œil sur le parking : une unique voiture. La future notre. Sale et… sans essence, ce dont on s’est rendu compte à posteriori. Bon, le bon point est que l’on s’est fait surclasser, et que l’on va passer la semaine à bord d’une belle 4x4 Toyota automatique. « Un gouffre » en essence apparemment dixit mon père. La suite nous le confirmera.