Dimanche 27 juin – Buenos Aires me revoici

Retour à la capitale, avec un petit pincement au cœur par nostalgie pour la campagne mendocienne que je viens de quitter, mais absolument ravie de redécouvrir la capitale avec ma mère. Sept jours durant lesquels nous vivrons ensemble l’effervescence de cette grande ville.

Mais n’oublions pas l’essentiel. Nous sommes dimanche 26 juin. Comment, cette date ne vous évoque rien ? Quelle honte. Comment pouvez-vous oublier que se joue aujourd’hui les huitièmes de finale Argentine-Uruguay ? Je vous rassure, impossible pour moi de l’ignorer. Je vous explique.

En Argentine, c’est simple, lorsque l’équipe nationale jour, le monde s’arrête. Sérieusement. S’il s’agit d’un jour de la semaine, la matinée ou l’après-midi est libérée pour les lycéens (ravis), et à la bodega, qu’à cela ne tienne, c’est vidéoprojecteur, écran géant, et voilà la salle d’embouteillage reconvertie en bar.

Mais revenons à ce jour si stressant du dimanche 26 juin. Nous sommes à Buenos Aires et la ville subie une étrange mutation. Après avoir hélé sans succès de nombreux taxis, nous nous sommes faites à l’idée : le visage crispé des chauffeurs, leur vitesse excessive montrait bien leur désir ardent de retrouver sans tarder leur télévision.

Nous rejoignons donc en bus le quartier de San Telmo. Nous écumons quelques bars et essuyons chaque fois un nouveau refus. L’heure fatidique approchant, les salles sont combles. Nous atterrissons finalement dans un lieu pub un peu plus en retrait qui fera notre bonheur. Bien calées sur de hauts tabourets, nous faisons face à un écran géant installé pour l’occasion.

Le match débute. Nous vibrons autant que les 40 millions d’argentins, scrutant leur téléviseur ou bien l’oreille collée à leur poste de radio. On se crispe, on râle, on encourage, on hurle. Bref, là, on se sent vraiment supporter. Et… Victoire ! Vamos Argentine, l’équipe remportera un succès largement mérité (en toute objectivité, et surtout en fine connaisseuse du monde du football). Nos favoris sortent donc vainqueurs, provoquant le déchaînement général, pour notre plus grand bonheur.

Pour contrecarrer ce moment légèrement trop viril à notre goût, nous nous lançons dans une séance shopping. Le quartier est réputé pour ses antiquaires, mais nous délaisserons ces vieilleries un peu trop kitch à notre goût pour nous concentrer sur l’essentiel : les boutiques de vêtements. Les vendeurs retirent les affiches « Absent pour cause de match » et reprennent leur activité.

L’architecture de ce barrio reflète bien l’histoire du pays : grandeur et décadence. Les grandes maisons de style colonial, témoins d’un passé prospère sont aujourd’hui délabrées, laissées à l’abandon.

Petite pause à l’hôtel avant de ressortir dîner. Attirées par une jolie brasserie, nous pénétrons à l’intérieur et nous installons à une table. Etrange sentiment de déjà-vu. Il aura fallu deux cerveaux et dix minutes passées à feuilleter le menu pour nous rendre compte… Que c’est précisément le restaurant dans lequel nous avons déjeuné quelques heures auparavant ! Bon, à notre décharge, nous étions rentrées par une autre porte…